« L’imagination ne peut suivre la rapidité de mes pas. »
Pir Zia: Un sage traversa la ville. Cette femme revint rayonnante et dit : « Quelle joie ! » Un élève de cette femme sage avait grand hâte de voir les mêmes scènes. Il suivit l’itinéraire qu’elle avait emprunté, mais revint saisi par le dégoût. Il demanda : » Pourquoi vous et moi avons-nous vu des villes si différentes? ». La femme sage répondit : » Nous avons réglé nos pas sur des rythmes différents. »
Le pas du mystique traverse le pont entre le visible et l’invisible. Bien sûr, le mystique voit les scènes ordinaires : les caniveaux, la boucherie, le regard vide des banlieusards épuisés. Mais le mystique voit également bien davantage.
Le mystique voit la complexité de la toile de la vie. L’eau stagnante du caniveau a autrefois déferlé, quand elle était les vagues de l’océan et elle a parcouru le ciel sous la forme de nuages _ ce qu’elle fera à nouveau. Le coup de flanc dans la fenêtre est l’œuvre d’une vache ayant reçu de l’affection de sa mère. Mais elle a aussi souffert de mauvais traitements et est apparentée aux bovins pour lesquels des forêts anciennes se font, en ce moment même, passer au bulldozer (scellant l’extinction du grouillement de leurs habitants). Enterrés au creux des poitrines de ceux qui vont au bureau, se trouvent des cœurs capables d’une émotion aussi vaste que l’univers.
Les enjambées du mystique incluent tout cela et plus encore. Dans sa marche en avant le mystique dépasse les frontières du monde et de ses limites. Visions de lumière, énergies et vibrations se dessinent de façon fulgurante tout comme les courants sous-marin de l’univers se dévoilent. Etant donné que le mystique se lance vers le centre de toute chose, l’Etre dévoile son mysterium tremendum, ses redoutables mystères : seul JE existe.
L’Etre n’est pas une destination vers laquelle l’imagination peut s’avancer. Mais l’Etre imagine l’univers et y déroule ses pas.
mars
27
2019